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Travail

L’alcool sur le lieu de travail : ce que la loi autorise et interdit.

Par LDJ
Publié le
14/1/2025
L’alcool sur le lieu de travail

Alcool au travail : quels sont les droits des employeurs et des salariés ?

La question de l'alcool au travail soulève des enjeux importants en matière de sécurité, de santé et de discipline au sein de l'entreprise. Si certaines occasions festives peuvent légitimer une consommation modérée, le cadre légal impose des limites strictes pour éviter les dérives et les risques liés à l'alcool. Quelles sont les boissons autorisées ?

Dans quelles conditions un employeur peut-il interdire leur consommation ? Et quelles sanctions peuvent s'appliquer en cas de non-respect des règles ?

Cet article détaille les droits et obligations des employeurs et salariés en matière de consommation d'alcool sur le lieu de travail, en s'appuyant sur les dispositions du Code du travail et la jurisprudence.

Sommaire :

  1. Introduction
  2. Est-il interdit de boire de l'alcool au travail et quelles boissons sont autorisées
  3. L'employeur peut-il interdire l'alcool dans l'entreprise
  4. Le salarié peut-il être licencié pour consommation d'alcool
  5. L'employeur peut-il effectuer un contrôle d'alcoolémie
  6. FAQ

Est-il interdit de boire de l'alcool au travail et quelles boissons sont autorisées ?

Selon l’article R.4228-20 du Code du travail, seules les boissons alcoolisées suivantes sont autorisées sur le lieu de travail : vin, bière, cidre et poiré. L’introduction ou la consommation de tout autre alcool, comme les spiritueux (whisky, vodka, rhum, etc.), est formellement interdite.

Cette règle vise à limiter les risques liés à la consommation d'alcool en milieu professionnel, notamment en ce qui concerne la sécurité et la productivité.

Cependant, le Code du travail n’établit aucune limite précise quant à la quantité autorisée, laissant ainsi une marge d’interprétation qui peut varier selon les entreprises. Cette absence de précision peut poser problème, notamment lors des événements festifs, où la consommation excessive pourrait nuire à la sécurité et à la santé des salariés.

En outre, un salarié consommant de l'alcool sur son lieu de travail doit impérativement rester apte à exercer ses fonctions dans des conditions normales de sécurité. Cela signifie que l'état d'ébriété, même léger, pourrait être considéré comme un manquement à ses obligations professionnelles, en particulier dans les postes à risques ou nécessitant une attention soutenue.

L'employeur peut-il interdire l'alcool dans l'entreprise ?

L’employeur dispose d’un pouvoir de réglementation en matière de consommation d'alcool dans l’entreprise, particulièrement pour garantir la sécurité et la santé des salariés.

Ainsi, il peut interdire totalement ou partiellement la consommation d’alcool, y compris pour les boissons autorisées par le Code du travail.

Cette interdiction doit toutefois respecter le principe de proportionnalité et être justifiée par des risques spécifiques identifiés dans l’entreprise. Par exemple, les postes impliquant :

  • La manipulation de machines dangereuses ;
  • La conduite de véhicules ou d’engins ;
  • La gestion d’activités où une vigilance constante est requise.

Dans ces cas, une interdiction stricte de l’alcool peut être instaurée pour prévenir les accidents du travail, dont 10 à 20 % sont liés à une consommation excessive d'alcool, selon les études mentionnées.

Pour être opposable, cette interdiction doit être inscrite dans le règlement intérieur de l’entreprise ou communiquée par une note de service.

Ce document doit préciser les conditions et les raisons de cette interdiction, en lien avec les dispositions de l’article L.1321-1 du Code du travail, qui exige que les règles internes soient justifiées par la nature de la tâche et proportionnées au but recherché.

Enfin, en l’absence de mesures préventives adéquates, l’employeur pourrait voir sa responsabilité engagée en cas d’accident impliquant un salarié sous l’emprise de l’alcool, en raison de son obligation de sécurité. Cette obligation, prévue à l’article L.4121-1 du Code du travail, impose à l’employeur de prendre les mesures nécessaires pour protéger la santé et assurer la sécurité de ses salariés.

Le salarié peut-il être licencié pour consommation d'alcool ?

Un salarié peut effectivement être licencié pour faute grave si sa consommation d'alcool engendre un trouble caractérisé au sein de l’entreprise. Cette situation s’applique lorsque l’état d’ébriété du salarié compromet la sécurité, la productivité, ou l’image de l’entreprise.

Voici quelques exemples illustratifs, reconnus par la jurisprudence :

  • Comportement agressif sous l'effet de l'alcool : Lorsqu'un salarié adopte un comportement inapproprié ou violent lors d’une réunion professionnelle, et ce, malgré des avertissements antérieurs concernant son intempérance, cela peut constituer une faute grave justifiant un licenciement (Cour de cassation, chambre sociale, 10 mai 2012, n°11-18.732).
  • Conduite en état d’ivresse : Pour un chauffeur professionnel, le fait d’être contrôlé positif à un test d’alcoolémie, ayant entraîné un retrait de permis, est considéré comme une faute grave, car cela compromet directement sa capacité à exercer ses fonctions principales (Cour de cassation, chambre sociale, 16 octobre 1991, n°88-44.009).
  • Accident sous l’emprise de l’alcool : Lorsqu’un salarié occupant un poste nécessitant la conduite régulière de véhicules (VRP, commerciaux, conducteurs d’engins) provoque un accident impliquant un tiers, son état d’ébriété constitue une violation de son obligation de prudence et de diligence, justifiant une sanction disciplinaire, voire un licenciement pour faute grave.

Ces exemples démontrent que la gravité des faits, combinée à leurs conséquences sur l’entreprise ou des tiers, peut justifier un licenciement disciplinaire immédiat. La jurisprudence considère que l’état d’ivresse, dès lors qu’il perturbe le fonctionnement de l’entreprise ou expose celle-ci à des risques, constitue un motif légitime de rupture du contrat de travail.

Par ailleurs, l’employeur est tenu de respecter une procédure disciplinaire stricte avant de prononcer un licenciement pour faute grave. Cela inclut :

  • La convocation du salarié à un entretien préalable (article L.1232-2 du Code du travail) ;
  • L’analyse des faits reprochés pour évaluer leur caractère fautif ;
  • Une décision proportionnée à la gravité de l'infraction commise.

Ainsi, si la consommation d’alcool est tolérée dans certaines circonstances, elle ne peut en aucun cas compromettre la sécurité, les intérêts de l’entreprise ou la performance du salarié, sous peine de lourdes conséquences disciplinaires.

L'employeur peut-il effectuer un contrôle d'alcoolémie ?

Oui, l’employeur peut effectuer un contrôle d’alcoolémie dans l’exercice de son pouvoir de direction, mais cette possibilité est encadrée par des conditions strictes.

  1. Prévisions dans le règlement intérieur
    Un contrôle d'alcoolémie n'est légalement valide que s'il est expressément prévu dans le règlement intérieur ou dans une note de service équivalente. L’article L.1321-1 du Code du travail exige que ces dispositions soient justifiées par la nature des tâches à accomplir et proportionnées au but recherché, à savoir la sécurité et la santé des salariés.
  2. Justification par la nature des postes
    Le contrôle doit être légitimé par des risques spécifiques inhérents aux fonctions exercées. Par exemple :
  • Postes impliquant la manipulation de machines dangereuses ;
  • Conduite de véhicules ou d’engins motorisés ;
  • Exécution de tâches nécessitant une vigilance accrue (secteurs industriels, logistiques, ou chimiques).
  1. Respect des droits des salariés
    Le contrôle d’alcoolémie doit respecter plusieurs principes fondamentaux pour éviter tout abus :
  • Information préalable : Les salariés doivent être informés individuellement ou collectivement de la possibilité de ces tests, ainsi que des modalités de leur réalisation.
  • Proportionnalité : Le contrôle doit être adapté à la situation et ne doit pas être systématique, sauf en cas de danger avéré ou dans des contextes à hauts risques.
  1. Conséquences du refus de contrôle
    Un salarié qui refuse de se soumettre à un contrôle peut être exposé à une sanction disciplinaire, surtout si ce refus entrave les obligations de sécurité de l’employeur. Cependant, le salarié conserve la possibilité de contester la régularité du contrôle si celui-ci a été réalisé sans respecter les procédures prévues ou s'il n'est pas justifié par des risques identifiés.
  2. Intervention d’un officier de police judiciaire (OPJ)
    En cas de désaccord persistant ou si le salarié refuse de manière catégorique de se soumettre au test, l’employeur peut faire appel à un officier de police judiciaire (OPJ). L’OPJ est le seul habilité à imposer un contrôle d’alcoolémie en dehors du cadre volontaire. Cette démarche peut être nécessaire dans des cas graves, tels qu’un accident de travail ou un incident mettant en jeu la sécurité des personnes ou des biens.

Le contrôle d’alcoolémie est donc un outil essentiel pour garantir la sécurité collective en milieu professionnel.

Toutefois, il doit être mis en œuvre dans le respect des droits des salariés et en conformité avec les dispositions légales. Toute irrégularité dans la procédure pourrait exposer l’employeur à un contentieux devant les prud’hommes.

Conclusion

En conclusion, la consommation d'alcool au travail est encadrée par des règles précises visant à protéger à la fois les salariés et l'employeur. Si certaines boissons sont tolérées, leur consommation doit rester modérée et compatible avec l'exercice des fonctions professionnelles.

L'employeur, quant à lui, dispose d'outils juridiques pour prévenir les risques et garantir la sécurité collective. Adopter une politique claire et équilibrée sur cette question est essentiel pour éviter les contentieux et promouvoir un environnement de travail sécurisé et responsable.

FAQ :

1. Quelles boissons alcoolisées sont autorisées sur le lieu de travail ?

Selon l’article R.4228-20 du Code du travail, seules les boissons alcoolisées suivantes sont autorisées sur le lieu de travail : vin, bière, cidre et poiré. L’introduction ou la consommation d’autres boissons alcoolisées, telles que les spiritueux, est strictement interdite. Cette limitation vise à encadrer la consommation d'alcool pour garantir la sécurité des salariés et le bon fonctionnement de l’entreprise. Toutefois, aucune disposition légale ne précise une quantité maximale, ce qui peut laisser place à des interprétations. En cas de doute, il est recommandé de se référer au règlement intérieur de l’entreprise ou de consulter un expert en droit du travail.

2. L’employeur peut-il interdire totalement l’alcool dans l’entreprise ?

Oui, l’employeur peut interdire totalement la consommation d’alcool dans l’entreprise, y compris les boissons autorisées par le Code du travail. Cette interdiction doit être proportionnée et justifiée par des risques spécifiques, comme des postes impliquant la manipulation de machines dangereuses ou la conduite de véhicules. Pour être applicable, cette interdiction doit être inscrite dans le règlement intérieur ou notifiée par une note de service. L’objectif principal est de prévenir les accidents du travail, dont 10 à 20 % sont liés à une consommation excessive d’alcool. Si cette formalité n’est pas respectée, l’interdiction pourrait être jugée invalide par les autorités compétentes, comme l’inspection du travail ou le juge prud’homal.

3. Un salarié peut-il être licencié pour consommation d’alcool ?

Un salarié peut être licencié pour faute grave si sa consommation d’alcool crée un trouble caractérisé au sein de l’entreprise. Par exemple :

  • Un comportement agressif ou inapproprié sous l’effet de l’alcool, notamment après des avertissements antérieurs.
  • Un accident causé sous l’emprise de l’alcool, notamment dans des postes nécessitant la conduite de véhicules.
  • Une conduite en état d’ébriété entraînant le retrait du permis pour un chauffeur professionnel.

Ces situations démontrent que l’état d’ébriété peut justifier un licenciement disciplinaire s’il compromet la sécurité, la productivité, ou l’image de l’entreprise. Cependant, l’employeur doit respecter la procédure disciplinaire avant de prononcer un licenciement, notamment en convoquant le salarié à un entretien préalable (article L.1232-2 du Code du travail).

4. Comment l’employeur peut-il effectuer un contrôle d’alcoolémie ?

L’employeur peut effectuer un contrôle d’alcoolémie dans l’exercice de son pouvoir de direction, à condition que celui-ci soit prévu par le règlement intérieur et justifié par des risques spécifiques liés aux fonctions du salarié. Ce contrôle doit respecter plusieurs règles :

  • Information préalable : Les salariés doivent être informés individuellement ou collectivement de la possibilité de contrôles et des conditions de leur réalisation.
  • Proportionnalité : Le contrôle ne peut être systématique et doit répondre à des situations précises, comme une suspicion d’ébriété ou un incident mettant en danger la sécurité.
  • Encadrement légal : Le contrôle peut être réalisé par l’employeur, un tiers mandaté ou, en cas de désaccord, un officier de police judiciaire, seul habilité à imposer un test.

Un refus injustifié de se soumettre à un contrôle peut entraîner une sanction disciplinaire, mais le salarié conserve le droit de contester la régularité du test.

5. Quels sont les risques juridiques pour l’employeur en cas de manquement à ses obligations ?

L’employeur a une obligation légale de sécurité envers ses salariés, conformément à l’article L.4121-1 du Code du travail. En cas de manquement à cette obligation, notamment si un salarié sous l’emprise de l’alcool cause un accident de travail, l’employeur peut être tenu responsable civilement et pénalement. Cela peut inclure :

  • Des sanctions de la part de l’inspection du travail ;
  • Une indemnisation des victimes en cas de dommages causés par un salarié ivre ;
  • Une mise en cause devant les juridictions civiles ou pénales pour défaut de prévention des risques professionnels.

Pour éviter ces risques, l’employeur doit mettre en place une politique claire concernant l’alcool au travail, incluant des mesures de prévention, une communication régulière sur les règles internes et une gestion proactive des situations à risque.

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