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Travail

Harcèlement au travail : étapes clés pour se défendre

Par LDJ
Publié le
13/1/2025
Harcèlement au travail

Harcèlement professionnel : preuves, démarches et recours à connaître

Le harcèlement au travail est une problématique préoccupante pour de nombreux salariés en France. Selon des études récentes, 35 % des salariés déclarent avoir été victimes de harcèlement au cours de leur carrière, un chiffre qui souligne l'importance de mieux comprendre et prévenir ce phénomène.

Ce guide propose une analyse juridique des actions à entreprendre face à une telle situation, en mettant en lumière les obligations des employeurs, les droits des salariés, et les recours disponibles.

Sommaire

  1. Introduction
  2. Les différents types de harcèlement au travail
  3. Comment prouver un harcèlement
  4. Que faire face à une situation de harcèlement
  5. Les recours judiciaires
  6. FAQ

Quels sont les différents types de harcèlement au travail ?

Deux formes principales de harcèlement sont reconnues par la loi française :

  1. Le harcèlement moral : défini par l'article L. 1152-1 du Code du travail, il s'agit d'agissements répétés ayant pour effet une dégradation des conditions de travail pouvant :
    • Porter atteinte aux droits et à la dignité du salarié ;
    • Altérer sa santé physique ou mentale ;
    • Compromettre son avenir professionnel.
  2. Exemple concret : Privation de moyens de travail (bureau, ordinateur) après un retour de congé maladie, conduisant à une dégradation de l'état de santé.
  3. Le harcèlement sexuel : défini par l'article L. 1153-1 du Code du travail, il englobe les propos ou comportements à connotation sexuelle ou sexiste portant atteinte à la dignité ou créant un environnement intimidant, hostile ou offensant.
  4. Cas particulier : Une pression unique mais grave, exercée dans le but d'obtenir un acte sexuel, peut aussi constituer du harcèlement sexuel.

Comment prouver un harcèlement au travail ?

En cas de litige, le salarié doit apporter des éléments laissant supposer l'existence du harcèlement. Ces preuves peuvent inclure :

  • Certificats médicaux établissant une dégradation de la santé ;
  • Attestations ou témoignages de collègues ou tiers ;
  • Courriers électroniques, SMS ou autres écrits prouvant les agissements fautifs.

Obligation de l'employeur : Une fois ces éléments présentés, l'employeur doit démontrer que les agissements incriminés sont justifiés par des faits étrangers à tout harcèlement (article L. 1154-1 du Code du travail).

Que faire face à une situation de harcèlement ?

Face à une situation de harcèlement au travail, il est important d’agir rapidement en mobilisant les dispositifs légaux et les ressources internes ou externes disponibles.

1. Informer l'employeur

Si l'employeur n'est pas l'auteur des faits de harcèlement, il est tenu par une obligation de sécurité en vertu de l’article L. 4121-1 du Code du travail, qui inclut :

  • La prévention des risques : Mise en place d'actions préventives pour éviter les comportements harcelants.
  • La conduite d’une enquête interne : Vérification des faits rapportés avec l'appui du Comité Social et Économique (CSE).
  • La mise en place de sanctions disciplinaires : Sanctions allant jusqu’au licenciement du harceleur.

2. Faire appel aux interlocuteurs compétents

Différents acteurs peuvent être sollicités pour signaler ou accompagner les démarches contre le harcèlement :

  • Représentants du personnel (CSE) : Ces représentants disposent d’un droit et d’un devoir d’alerte et peuvent initier des actions de prévention.
  • Médecin du travail : Il accompagne la victime et peut alerter l’employeur sur les risques identifiés.
  • Inspection du travail : L’inspection peut enquêter sur les faits et signaler les infractions au Procureur de la République.

3. Envisager une médiation

Le recours à une médiation peut être initié par le salarié ou par l’employeur. Le médiateur, choisi d’un commun accord, examine les relations entre les parties et propose des solutions amiables. En cas d’échec, il informe des sanctions encourues et des garanties prévues pour protéger la victime.

4. Utiliser le droit de retrait

Si le harcèlement représente un danger grave et imminent pour la santé ou la sécurité du salarié, ce dernier peut exercer son droit de retrait (article L. 4131-1 du Code du travail).

  • Exemple d’utilisation légitime : Un salarié peut invoquer ce droit face à des comportements répétés et menaçants.
  • Protection légale : Le salarié ne peut être sanctionné s’il démontre un motif raisonnable d'exercer ce droit.

En mobilisant ces démarches, la victime peut non seulement mettre un terme aux agissements subis, mais aussi faire valoir ses droits et obtenir réparation si nécessaire.

Utiliser le droit de retrait

Le droit de retrait, prévu par l’article L. 4131-1 du Code du travail, permet à un salarié de cesser temporairement son activité lorsqu’il estime être exposé à un danger grave et imminent pour sa santé ou sa sécurité. Ce mécanisme s’applique également dans le cadre du harcèlement au travail.

Conditions d’utilisation du droit de retrait

Pour faire valoir ce droit, le salarié doit pouvoir justifier qu’il existe un motif raisonnable de penser que les agissements harcelants (menaces, humiliations, comportements dégradants) présentent un danger grave et imminent pour :

  • Sa santé mentale : Risques de dépression, d’anxiété aiguë, ou d’autres troubles psychologiques liés au harcèlement.
  • Sa santé physique : Conséquences somatiques telles que troubles du sommeil, fatigue extrême, ou autres effets liés au stress.

Protection du salarié

L’exercice du droit de retrait est protégé par la loi. Ainsi, l’employeur :

  • Ne peut sanctionner le salarié : Aucune mesure disciplinaire ou retenue sur salaire ne peut être prise si le droit de retrait est exercé de manière justifiée.
  • Doit agir immédiatement : Une enquête interne doit être diligentée pour évaluer la situation et supprimer les risques identifiés.

Exemple jurisprudentiel

Les tribunaux ont déjà reconnu le droit de retrait dans des cas de harcèlement. Par exemple, une salariée ayant subi des comportements sexuellement harcelants a été protégée après avoir cessé son activité pour se préserver d’un danger psychologique imminent.

Quels sont les recours judiciaires ?

Le harcèlement au travail, qu’il soit moral ou sexuel, constitue une atteinte grave aux droits fondamentaux des salariés. Plusieurs voies judiciaires et administratives permettent aux victimes d'agir pour mettre fin à ces agissements et obtenir réparation.

1. Saisir le Conseil de prud’hommes

Le Conseil de prud’hommes est compétent pour :

  • Réparer le préjudice moral et matériel subi par le salarié en raison du harcèlement ;
  • Annuler une rupture de contrat abusive, qu’il s’agisse d’un licenciement ou d’une démission contrainte par la situation de harcèlement.

Prescription : La demande doit être introduite dans un délai de 5 ans à compter du dernier fait de harcèlement (article L. 1152-1 du Code du travail).

2. Saisir le juge pénal

Une plainte peut être déposée pour harcèlement moral ou sexuel, ces agissements étant constitutifs d’un délit puni par le Code pénal (articles 222-33-2 et 222-33).

  • Sanctions encourues : Les auteurs de harcèlement risquent jusqu’à 2 ans d’emprisonnement et 30 000 euros d’amende en cas de harcèlement moral, et des peines plus lourdes pour harcèlement sexuel.
  • Prescription : Le délai pour agir est de 6 ans à compter du dernier fait de harcèlement.

3. Saisir le Défenseur des droits

Si le harcèlement est motivé par une discrimination (sexe, âge, orientation sexuelle, handicap, etc.), le salarié peut saisir le Défenseur des droits.

  • Mission : Cette institution a pour rôle d’accompagner les victimes dans leurs démarches et de proposer des solutions pour faire cesser les discriminations.
  • Modalités : Le contact peut être établi via un délégué du Défenseur des droits ou directement en ligne.

Conclusion

Il est essentiel de rappeler que le harcèlement au travail ne doit jamais être banalisé. Les salariés disposent d’un arsenal juridique pour se défendre, prévenir ces situations et obtenir réparation.

En connaissant leurs droits et en mobilisant les ressources légales, ils peuvent non seulement protéger leur dignité, mais aussi contribuer à faire évoluer les pratiques au sein des entreprises. Face à une situation de harcèlement, ne restez pas isolé : chaque action entreprise renforce la lutte contre ces comportements.

FAQ :

1. Quels sont les différents types de harcèlement au travail ?

Le harcèlement au travail peut être classé en deux grandes catégories reconnues par la loi française :

  • Harcèlement moral : défini par l’article L. 1152-1 du Code du travail, il s’agit d’agissements répétés qui dégradent les conditions de travail, portant atteinte aux droits et à la dignité du salarié ou compromettant sa santé physique et mentale. Cela peut inclure des insultes, des critiques constantes ou des privations de moyens de travail.
  • Harcèlement sexuel : décrit dans l’article L. 1153-1 du Code du travail, il comprend les propos ou comportements à connotation sexuelle ou sexiste qui créent un environnement hostile ou humiliant. Un seul acte grave, comme des pressions pour obtenir un acte sexuel, peut suffire à constituer un harcèlement.

Ces deux types de harcèlement sont interdits et sanctionnés pénalement.

2. Comment prouver que l’on est victime de harcèlement au travail ?

Pour prouver un harcèlement, le salarié doit apporter des éléments laissant supposer l’existence de ces faits. Ces éléments peuvent inclure :

  • Témoignages de collègues, clients ou autres tiers ;
  • Attestations écrites sur l’honneur ;
  • Courriels ou SMS illustrant les agissements fautifs ;
  • Certificats médicaux montrant une dégradation de l’état de santé du salarié.

Une fois ces preuves présentées, l’employeur ou l’accusé doit démontrer que les faits incriminés sont étrangers à tout harcèlement et justifiés par des éléments objectifs.

3. Quels recours un salarié victime de harcèlement peut-il engager ?

Les victimes de harcèlement disposent de plusieurs options :

  • Saisir le Conseil de prud’hommes pour obtenir réparation ou annuler une rupture abusive de contrat. Le délai de prescription est de 5 ans à compter du dernier fait.
  • Porter plainte au pénal pour harcèlement moral ou sexuel. Le harceleur peut encourir jusqu’à 2 ans d’emprisonnement et 30 000 euros d’amende. La prescription est de 6 ans.
  • Saisir le Défenseur des droits, notamment en cas de harcèlement motivé par une discrimination (sexe, âge, handicap, orientation sexuelle, etc.).

Ces recours permettent de faire cesser les agissements et d’obtenir réparation.

4. Un salarié peut-il exercer son droit de retrait en cas de harcèlement ?

Oui, un salarié victime de harcèlement peut exercer son droit de retrait, conformément à l’article L. 4131-1 du Code du travail, si :

  • Il a un motif raisonnable de penser que la situation présente un danger grave et imminent pour sa santé ou sa sécurité.
  • Les comportements harcelants sont menaçants, humiliants ou traumatisants.

Ce droit protège le salarié, qui ne peut être sanctionné s’il agit de manière justifiée. En cas de harcèlement persistant, la victime peut également envisager une rupture de contrat pour faute grave de l’employeur.

5. Comment l’employeur doit-il réagir face à une situation de harcèlement ?

L’employeur a une obligation légale de sécurité envers ses salariés, prévue par l’article L. 4121-1 du Code du travail. Il doit :

  • Prévenir les risques : mettre en place des actions de sensibilisation et de prévention.
  • Enquêter immédiatement : à la réception d’un signalement, mener une enquête interne en collaboration avec le Comité Social et Économique (CSE).
  • Sanctionner le harceleur : prendre des mesures disciplinaires adaptées, pouvant aller jusqu’au licenciement.

S’il néglige ces obligations, l’employeur peut être tenu responsable devant le Conseil de prud’hommes.

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