Travail en hiver : à partir de quelle température est-ce dangereux ?
Dans le cadre professionnel, l’exposition au froid peut représenter un véritable défi, notamment pour les salariés travaillant à l’extérieur ou dans des conditions non chauffées.
La législation française, bien qu’elle ne fixe pas de température minimale légale, impose à l’employeur des obligations visant à protéger la santé et la sécurité des salariés. Voici les principaux points à retenir pour comprendre à partir de quelle température il est considéré comme "trop froid" pour travailler et quelles sont les mesures à adopter.
Sommaire :
- Introduction
- Quelle est la température minimale prévue par le Code du travail ?
- Comment évaluer si une température est trop basse pour travailler ?
- Quels sont les risques liés au froid, et comment réagir ?
- Quels sont les droits du salarié face à des températures trop basses ?
- Quelles sont les obligations de l’employeur face au froid ?
- Conclusion
- FAQ
Quelle est la température minimale prévue par le Code du travail ?
Le Code du travail ne définit pas une température minimale précise en dessous de laquelle il serait interdit de travailler. Cependant, l’article R.4223-13 impose que les locaux fermés affectés au travail soient chauffés de manière à maintenir une température convenable, sans pour autant détailler une valeur spécifique.
Cette "température convenable" est laissée à l’appréciation de l’employeur, en collaboration avec le médecin du travail et les représentants du personnel.
Pour les salariés travaillant en extérieur, l’article R.4121-1 du Code du travail stipule que l’employeur doit prendre toutes les mesures nécessaires pour protéger les travailleurs des intempéries, y compris le froid, après avis du médecin du travail et du comité social et économique (CSE).
Comment évaluer si une température est trop basse pour travailler ?
L’Institut national de recherche et de sécurité (INRS) considère qu’un environnement est froid dès lors que la température descend en dessous de 18°C, provoquant des déperditions de chaleur. Cependant, cette valeur varie en fonction de nombreux facteurs, tels que :
- la durée d’exposition au froid ;
- l’intensité de l’activité physique effectuée ;
- les équipements mis à disposition par l’employeur.
Les normes comme la NF X35-203/ISO 7730 précisent des plages de températures de confort adaptées à différents types de travaux. Par exemple :
- 20-22°C pour les bureaux ;
- 16-18°C pour des ateliers avec activité modérée ;
- 14-16°C pour des travaux physiques soutenus.
Quels sont les risques liés au froid, et comment réagir ?
L’exposition prolongée au froid peut avoir des conséquences graves sur la santé des salariés, surtout lorsqu’ils ne sont pas suffisamment protégés. Parmi les troubles les plus graves figurent l’hypothermie, un phénomène dangereux qui se produit lorsque la température corporelle chute en dessous de 35°C, compromettant les fonctions vitales.
Les différents stades de l’hypothermie :
- Hypothermie légère (35 à 32°C) :
Les premiers signes incluent des frissons intenses, une sensation de froid généralisée, et des douleurs aux extrémités. À ce stade, des troubles tels que l’hypertension artérielle ou une confusion mentale peuvent apparaître. Le salarié reste conscient mais nécessite une prise en charge rapide. - Hypothermie modérée (32 à 28°C) :
La victime commence à présenter une hypoventilation, une baisse du rythme cardiaque, et peut devenir inconsciente. Les pupilles se dilatent, et le corps cesse de frissonner, signe alarmant que le mécanisme de défense naturel est dépassé. - Hypothermie sévère (moins de 28°C) :
Ce stade critique se traduit par des arrêts cardiaques ou une fibrillation ventriculaire, des pauses respiratoires, et une perte complète de conscience. Sans intervention d’urgence, les conséquences sont fatales.
Réagir face à un salarié en hypothermie
- Contacter immédiatement les secours :
- Composez le 15 (SAMU), 18 (pompiers), 112 (urgence européenne), ou le 114 (SMS d’urgence). Plus l’intervention est rapide, plus les chances de survie augmentent.
- Protéger la victime :
- Placez la personne dans un lieu chaud et abrité.
- Retirez ses vêtements mouillés ou humides et enveloppez-la dans une couverture chaude ou une couverture de survie.
- Évitez de la laisser seule, car une surveillance constante est importante.
- Administrer des boissons chaudes :
- Si la victime est consciente, donnez-lui des boissons sucrées et chaudes (sans alcool ni caféine) pour aider à réchauffer son organisme.
- En cas d’inconscience :
- Placez la victime en position latérale de sécurité (PLS).
- Maintenez son corps au chaud en appliquant une couverture isolante.
- Surveillez attentivement son état jusqu’à l’arrivée des secours.
Points de vigilance supplémentaires
Il est essentiel d’agir avec précaution pour éviter d’aggraver l’état de la victime. Par exemple, ne tentez jamais de réchauffer une personne en hypothermie sévère avec des sources de chaleur directes (comme un radiateur ou de l’eau chaude), car cela peut provoquer un choc thermique ou des complications cardiaques. Chaque minute compte, et l’intervention des secours est primordiale pour sauver la vie de la victime.
Quels sont les droits du salarié face à des températures trop basses ?
Un salarié confronté à des conditions de travail dangereusement froides dispose de plusieurs moyens pour protéger sa santé et garantir des conditions de travail décentes.
Droit d'alerte et de recours
Le salarié peut :
- Alerter les représentants du personnel : Le comité social et économique (CSE) ou les délégués syndicaux sont en mesure de travailler avec l’employeur pour mettre en œuvre des mesures adaptées à la situation.
- Saisir l’inspection du travail : L’inspection du travail peut contrôler les conditions de travail, vérifier si l’employeur respecte ses obligations et, si nécessaire, lui adresser une mise en demeure.
Droit de retrait en cas de danger
Conformément à l’article L.4131-1 du Code du travail, un salarié peut exercer son droit de retrait s’il estime qu’il existe un danger grave et imminent pour sa santé ou sa sécurité.
- Le salarié doit informer immédiatement son employeur et se retirer de la situation dangereuse.
- L’exercice du droit de retrait ne peut entraîner aucune sanction ni retenue de salaire, à condition qu’il soit justifié.
Quelles obligations pour l’employeur ?
L’employeur est légalement tenu d’assurer la sécurité et la santé de ses salariés face aux risques liés au froid. Ces obligations reposent notamment sur :
Évaluation des risques professionnels
L’employeur doit intégrer les ambiances thermiques dans le Document Unique d’Évaluation des Risques Professionnels (DUERP). Cette évaluation doit identifier les dangers spécifiques liés au froid, proposer des solutions pour les prévenir et prévoir des actions pour limiter les risques.
Mise en place de mesures préventives
Pour protéger les salariés, l’employeur doit :
- Fournir des équipements de protection individuelle (EPI) : Des gants, vêtements isolants, chaussures adaptées ou autres protections doivent être mis à disposition et leur usage contrôlé.
- Organiser des pauses régulières : Ces pauses doivent se dérouler dans des locaux chauffés, permettant aux salariés de se réchauffer et de récupérer.
- Adapter les horaires de travail : Lorsque les conditions climatiques sont particulièrement rudes (neige, verglas, vents froids), les horaires peuvent être ajustés pour limiter l’exposition au froid.
- Former et sensibiliser les salariés : Une formation sur les risques liés aux basses températures, les symptômes à surveiller et les gestes de premiers secours doit être organisée.
Responsabilité en cas d’accident lié au froid
Si un salarié subit un accident ou une maladie liée à une exposition au froid, l’employeur peut voir sa responsabilité engagée pour manquement à son obligation de sécurité. Cette responsabilité peut entraîner des sanctions civiles ou pénales.
En somme, l’employeur doit faire preuve de vigilance constante et mettre en œuvre des mesures adaptées pour garantir un environnement de travail sécurisé, même dans des conditions climatiques difficiles.
Conclusion
Bien que la législation française ne fixe pas de température minimale pour travailler, elle impose aux employeurs de prendre toutes les mesures nécessaires pour garantir la sécurité et la santé des salariés face au froid.
Une évaluation des risques, des équipements adaptés et une organisation du travail réfléchie sont autant de solutions pour prévenir les effets néfastes des basses températures. Salariés et employeurs doivent travailler de concert pour assurer des conditions de travail sécurisées et adaptées, tout en respectant les obligations légales.
FAQ :
1. Existe-t-il une température minimale légale pour travailler en France ?
Non, la législation française ne fixe pas de température minimale spécifique en dessous de laquelle un salarié ne peut pas travailler. Cependant, le Code du travail impose à l'employeur d'assurer une température convenable dans les locaux fermés (article R.4223-13). Pour les travaux extérieurs, l'employeur doit prendre toutes les mesures nécessaires pour protéger les salariés des intempéries, y compris du froid, après consultation du médecin du travail et du comité social et économique (article R.4121-1). La notion de "température convenable" est subjective et dépend du type d'activité, des équipements fournis et des conditions climatiques.
2. Quels sont les risques pour la santé des salariés exposés au froid ?
L’exposition prolongée au froid peut provoquer des troubles graves, comme l’hypothermie, qui survient lorsque la température corporelle chute en dessous de 35°C. Les symptômes varient selon le degré d’hypothermie :
- Hypothermie légère (35 à 32°C) : frissons, confusion, hypertension.
- Hypothermie modérée (32 à 28°C) : perte de conscience, ralentissement cardiaque.
- Hypothermie sévère (moins de 28°C) : arrêt cardiaque, coma.
Le froid peut également entraîner des engelures, une diminution de la vigilance et des troubles musculo-squelettiques. Il est donc essentiel que l’employeur mette en place des mesures de prévention adaptées, comme le port d'équipements de protection et des pauses régulières dans un environnement chauffé.
3. Le salarié peut-il exercer son droit de retrait en cas de froid extrême ?
Oui, un salarié peut exercer son droit de retrait (article L.4131-1 du Code du travail) s’il estime que les températures sur son lieu de travail représentent un danger grave et imminent pour sa santé ou sa sécurité. Avant de quitter son poste, le salarié doit immédiatement informer son employeur et expliquer les raisons de son retrait. Ce droit protège le salarié contre toute sanction disciplinaire ou retenue de salaire, à condition que son action soit justifiée. L’évaluation du danger dépend des circonstances, notamment de l’intensité du froid, de la durée d’exposition et des équipements fournis.
4. Quelles sont les obligations de l’employeur face au froid ?
L’employeur est tenu de garantir la sécurité et la santé de ses salariés (article L.4121-1 du Code du travail). À ce titre, il doit :
- Évaluer les risques liés au froid et les intégrer dans le Document Unique d’Évaluation des Risques Professionnels (DUERP).
- Fournir des équipements de protection individuelle adaptés, comme des gants, des vestes isolantes ou des chaussures adaptées.
- Organiser les conditions de travail : pauses régulières dans des locaux chauffés, adaptation des horaires pour limiter l’exposition au froid.
- Sensibiliser et former les salariés sur les risques liés au froid et les gestes à adopter en cas d’hypothermie.
Le non-respect de ces obligations peut engager la responsabilité civile et pénale de l’employeur en cas d’accident ou de maladie liée au froid.
5. Que faire en cas d’hypothermie d’un salarié sur le lieu de travail ?
Si un salarié montre des signes d’hypothermie (frissons, confusion, perte de conscience), voici les étapes à suivre :
- Appeler les secours immédiatement (15, 18, 112 ou 114 pour SMS).
- Placer la victime dans un lieu abrité et chaud. Retirez ses vêtements humides et enveloppez-la dans une couverture chaude.
- Si la victime est consciente, administrez des boissons chaudes sucrées, mais évitez alcool et caféine.
- Si la victime est inconsciente, placez-la en position latérale de sécurité (PLS), surveillez ses signes vitaux et attendez les secours.
Il est important d’agir rapidement pour éviter que l’état de la victime ne se détériore davantage.