Le lundi de Pentecôte, jour férié pas comme les autres ?
Le lundi de Pentecôte, qui tombe le 9 juin 2025, soulève souvent des questions chez les salariés : est-ce un jour férié chômé ou une journée de travail comme les autres ?
Si ce jour fait partie des 11 jours fériés légaux en France, il est fréquemment associé à la journée de solidarité, entraînant des spécificités en matière de travail et de rémunération. Pour éclaircir vos droits et obligations, cet article décrypte les règles en vigueur et les dispositions légales applicables à cette journée particulière.
Sommaire :
- Introduction
- Le lundi de Pentecôte est-il toujours férié ?
- Qui décide si le lundi de Pentecôte est travaillé ou chômé ?
- L’impact de la journée de solidarité sur le lundi de Pentecôte
- Le droit de refuser de travailler le lundi de Pentecôte
- Les stagiaires et jeunes travailleurs doivent-ils travailler le lundi de Pentecôte ?
- Rémunération du lundi de Pentecôte chômé
- Conclusion
- FAQ
Le lundi de Pentecôte est-il toujours férié ?
Selon l'article L3133-1 du Code du travail, le lundi de Pentecôte fait partie des 11 jours fériés légaux reconnus en France. Ces jours sont définis par la loi et incluent des dates telles que le 1er janvier, le 14 juillet ou encore le 25 décembre.
Cependant, un jour férié ne signifie pas systématiquement qu'il sera chômé.
La décision de rendre un jour férié non travaillé dépend des accords d'entreprise, des conventions collectives, ou, à défaut, des décisions unilatérales de l'employeur. En pratique, certaines entreprises peuvent choisir de faire travailler leurs salariés lors de certains jours fériés, notamment lorsque cela est nécessaire pour des raisons économiques ou organisationnelles.
À noter que le 1er mai, consacré à la fête du Travail, demeure le seul jour obligatoirement férié et chômé pour tous les salariés en France, sauf dans certains secteurs spécifiques où le travail est indispensable (par exemple, dans les services de santé ou les transports publics).
Cette exception est prévue par l'article L3133-4 du Code du travail, qui garantit que ce jour est non seulement férié mais également rémunéré pour tous les travailleurs, sans conditions d'ancienneté.
Qui décide des jours fériés travaillés ou chômés ?
La répartition des jours fériés chômés est encadrée par des accords collectifs ou des conventions d’entreprise. Ces textes négociés permettent d’adapter les règles aux spécificités de chaque secteur d’activité ou de chaque structure. Par exemple, dans certaines entreprises, le lundi de Pentecôte peut être travaillé tandis que d’autres choisiront de le chômer.
En l'absence de dispositions spécifiques dans les accords collectifs applicables, la responsabilité revient à l’employeur. Conformément à l'article L3133-3 du Code du travail, celui-ci peut décider unilatéralement des jours fériés qui seront travaillés ou chômés, en respectant les impératifs liés à la continuité de l’activité économique.
Enfin, il convient de noter que les usages locaux ou les pratiques sectorielles peuvent également influencer ces décisions. Dans certaines régions ou métiers, certains jours fériés, comme le Vendredi saint en Alsace-Moselle, sont traditionnellement chômés en vertu de règles spécifiques, ajoutant ainsi des exceptions aux dispositions nationales
L’impact de la journée de solidarité sur le lundi de Pentecôte
Instituée en 2004, la journée de solidarité vise à financer l’autonomie des personnes âgées ou en situation de handicap. Initialement fixée au lundi de Pentecôte, cette journée peut désormais être déplacée par accord collectif ou décision unilatérale de l’employeur (article L3133-8 du Code du travail).
Lorsque ce jour est travaillé au titre de la journée de solidarité, il n’entraîne pas de rémunération supplémentaire pour les salariés mensualisés. Les employés à temps partiel voient leur durée de travail calculée proportionnellement à leur contrat. Par exemple, pour un salarié travaillant 24 heures par semaine, la durée de la journée de solidarité sera de 4h48, calculée selon la formule suivante : (24h x 7h) / 35h.
Le droit de refuser de travailler le lundi de Pentecôte
Si le lundi de Pentecôte est fixé comme un jour travaillé dans votre entreprise, les salariés sont tenus de respecter cette décision. L'article L1222-1 du Code du travail impose aux employés de se conformer aux directives de leur employeur, dans le respect du contrat de travail et des règles applicables. Une absence injustifiée ce jour-là peut entraîner des sanctions disciplinaires, allant d’un avertissement à des mesures plus graves en cas de récidive.
Cependant, il existe des alternatives légales pour éviter de travailler ce jour, sous réserve de l’accord de l’employeur. Vous pouvez notamment demander :
- un jour de congé payé ;
- un RTT (Réduction du Temps de Travail) ;
- ou un congé sans solde, si aucun autre dispositif n’est disponible.
Ces solutions, bien qu’elles ne soient pas automatiques, permettent de s’absenter légalement et d’éviter d'éventuelles sanctions.
Les stagiaires et jeunes travailleurs doivent-ils travailler ce jour-là ?
Les stagiaires
En principe, les stagiaires ne sont pas soumis à la journée de solidarité. Leur présence dans l’entreprise est régie par une convention de stage, qui ne les oblige pas à travailler lors des jours fériés. Toutefois, si une disposition particulière est inscrite dans leur convention, ils pourraient être amenés à travailler ce jour-là. Il est donc essentiel de vérifier les termes de cette convention pour éviter toute confusion.
Les jeunes travailleurs
Les jeunes travailleurs (moins de 18 ans) bénéficient d’une protection renforcée prévue par l'article L3164-6 du Code du travail. Par défaut, ils ne peuvent pas travailler les jours fériés légaux, y compris le lundi de Pentecôte. Cependant, certaines dérogations existent pour les secteurs spécifiques tels que :
- la restauration ;
- l’hôtellerie ;
- les spectacles ;
- ou les travaux agricoles urgents.
Ces exceptions doivent être justifiées par des nécessités d’activité et encadrées strictement par la législation. En dehors de ces cas, les jeunes travailleurs sont en droit de refuser de travailler les jours fériés, y compris le lundi de Pentecôte, sans crainte de représailles.
Rémunération du lundi de Pentecôte chômé
Si le lundi de Pentecôte est chômé dans votre entreprise, votre rémunération reste maintenue, conformément aux dispositions de l'article L3133-5 du Code du travail. Cette règle s'applique sous réserve de remplir une condition d'ancienneté : il est nécessaire de justifier d’au moins 3 mois de présence continue dans l’entreprise pour en bénéficier.
Cas des salariés mensualisés
Les salariés mensualisés (contrats à durée indéterminée ou déterminée) perçoivent leur salaire habituel, même s’ils ne travaillent pas ce jour-là. La loi prévoit cette protection pour éviter toute diminution de rémunération liée aux jours fériés chômés. Cette garantie vise à stabiliser les revenus des salariés, indépendamment du calendrier des jours fériés.
Exceptions pour certains travailleurs
Cependant, cette disposition ne s’applique pas à certains types de contrats ou statuts spécifiques, notamment :
- les travailleurs journaliers, qui sont rémunérés uniquement pour les jours effectivement travaillés ;
- les travailleurs saisonniers, dont l’activité dépend de périodes spécifiques et souvent intenses ;
- les intermittents, dont le mode de rémunération est lié à la réalisation de prestations ponctuelles.
Pour ces catégories, le lundi de Pentecôte chômé peut entraîner une absence de rémunération, sauf si des dispositions spécifiques sont prévues dans leur contrat ou leur convention collective.
Conclusion
Il est donc essentiel pour chaque salarié de bien comprendre les règles applicables au lundi de Pentecôte au sein de son entreprise ou de son secteur.
Entre jour férié, journée de solidarité, rémunération et obligations légales, les droits et devoirs peuvent varier. N’hésitez pas à consulter votre convention collective ou à vous rapprocher de votre employeur pour éviter tout malentendu.
FAQ :
1. Le lundi de Pentecôte est-il toujours considéré comme un jour férié ?
Oui, le lundi de Pentecôte figure parmi les 11 jours fériés légaux en France, comme le précise l'article L3133-1 du Code du travail. Toutefois, cela ne signifie pas automatiquement qu'il est chômé. La décision de le rendre non travaillé dépend des accords d’entreprise, de branche, ou, à défaut, de l’employeur. Par ailleurs, seul le 1er mai est obligatoirement férié et chômé pour tous les salariés, selon l’article L3133-4 du Code du travail.
2. Qui décide si le lundi de Pentecôte est travaillé ou non dans une entreprise ?
La décision de chômer ou non le lundi de Pentecôte relève des accords collectifs, tels que les conventions d’entreprise ou d’établissement, voire les accords de branche. Si aucun texte n’encadre cette question, l’employeur peut décider unilatéralement des jours fériés chômés, conformément à l’article L3133-3 du Code du travail. Cependant, l’usage ou les traditions locales peuvent également influencer cette décision, notamment dans certains secteurs spécifiques.
3. Si le lundi de Pentecôte est chômé, la rémunération est-elle maintenue ?
Oui, si le lundi de Pentecôte est chômé dans votre entreprise, votre rémunération sera maintenue, à condition de justifier d'une ancienneté d'au moins 3 mois. Cette règle, définie par l'article L3133-5 du Code du travail, ne s'applique toutefois pas aux :
- travailleurs journaliers, rémunérés uniquement pour les jours travaillés ;
- saisonniers, qui dépendent de périodes spécifiques ;
- intermittents, dont le revenu est basé sur des prestations ponctuelles.
Pour les salariés mensualisés, le jour chômé est payé comme un jour travaillé normal, sans impact sur le salaire.
4. Le lundi de Pentecôte est-il obligatoirement une journée de solidarité ?
Non, depuis 2008, le lundi de Pentecôte n'est plus systématiquement associé à la journée de solidarité. Cette journée, prévue par l'article L3133-8 du Code du travail, peut être fixée à une autre date, selon les accords collectifs ou la décision de l'employeur. Lorsqu'elle est retenue comme journée de solidarité, les salariés doivent travailler une journée supplémentaire sans rémunération additionnelle. Pour les salariés à temps partiel, le nombre d’heures travaillées au titre de la journée de solidarité est proportionnel à leur contrat.
5. Les stagiaires et jeunes travailleurs doivent-ils travailler le lundi de Pentecôte ?
En principe, les stagiaires ne sont pas concernés par la journée de solidarité, sauf mention explicite dans leur convention de stage. Quant aux jeunes travailleurs (moins de 18 ans), ils bénéficient d’une protection renforcée prévue par l'article L3164-6 du Code du travail, qui leur interdit de travailler les jours fériés légaux, sauf dans certains secteurs dérogatoires, comme la restauration, l'hôtellerie ou les spectacles. Ces exceptions sont strictement encadrées pour garantir leur sécurité et leur bien-être.