Parlez gratuitement à un conseiller au 09 70 18 45 99

Travail

Employeur abusif : que faire face à une mise au placard ?

Par LDJ
Publié le
17/1/2025
Employeur abusif

Salarié mis à l'écart : démarches légales pour obtenir justice

La mise au placard, une pratique insidieuse et parfois difficile à détecter, constitue un véritable fléau dans le monde du travail.

Qu’il s’agisse d’un retrait progressif des responsabilités, d’une exclusion des processus décisionnels, ou encore d’une dégradation volontaire des conditions de travail, cette situation peut causer des préjudices graves au salarié, tant sur le plan professionnel que personnel.

Face à ces agissements, la loi offre des outils juridiques pour protéger les droits des salariés et sanctionner les employeurs défaillants. Cet article explore les recours disponibles pour les victimes de mise au placard, en mettant en lumière les obligations légales de l’employeur et les moyens d’action offerts par le droit du travail.

Sommaire

  1. Introduction
  2. Les obligations de l’employeur envers le salarié
  3. Caractérisation de la mise au placard
  4. Les recours disponibles
  5. Délai pour agir
  6. FAQ

Les obligations de l’employeur envers le salarié

L’article 1194 du Code civil établit le principe de la force obligatoire des contrats, selon lequel l’employeur est tenu de respecter les termes du contrat de travail signé avec le salarié. Cela inclut la fourniture des missions stipulées, qui constituent l’essence même de la relation de travail.

Si l’employeur décide de modifier de manière substantielle les tâches ou responsabilités du salarié, cette modification doit obtenir son accord explicite. En pratique, cet accord se matérialise par un avenant au contrat de travail, signé par les deux parties. À défaut, une modification unilatérale des missions pourrait être qualifiée de faute contractuelle.

Par ailleurs, l’article L. 4121-1 du Code du travail impose à l’employeur une obligation de sécurité de résultat envers ses salariés. Cette obligation ne se limite pas à garantir leur intégrité physique, mais inclut également la prévention du harcèlement moral et des comportements susceptibles de créer un environnement de travail hostile.

Le harcèlement moral, tel que défini à l’article L. 1152-1 du Code du travail, se manifeste par des actes répétés ayant pour conséquence une dégradation des conditions de travail. Ces actes peuvent porter atteinte à la dignité du salarié, altérer sa santé physique ou mentale, ou encore compromettre son avenir professionnel.

En jurisprudence, les tribunaux ont régulièrement rappelé que l’employeur doit mettre en place des mesures préventives pour éviter toute situation de harcèlement. Cela inclut des actions telles que :

  • La mise en œuvre d’une charte ou politique interne contre le harcèlement ;
  • L’organisation de sessions de sensibilisation pour les employés et les managers ;
  • L’instauration de procédures de signalement claires et accessibles pour les victimes.

Ainsi, en cas de manquement à ces obligations, l’employeur peut voir sa responsabilité engagée, ouvrant droit à des réparations pour le salarié victime. Ces réparations peuvent inclure des dommages-intérêts, des indemnités compensatrices, ou encore la requalification d’une démission en prise d’acte aux torts de l’employeur.

Caractérisation de la mise au placard

La jurisprudence est claire sur le fait que la suppression, la modification ou la diminution des missions d’un salarié constitue une modification du contrat de travail. Ces missions, étant des éléments essentiels du contrat, ne peuvent être altérées unilatéralement par l’employeur sans le consentement exprès du salarié.

Toute modification réalisée sans cet accord peut être considérée comme une faute contractuelle, ouvrant la voie à une contestation devant les juridictions prud’homales (Cass. soc., 6 avr. 2011, n°09-66.818).

En outre, lorsque la mise au placard s’accompagne d’actes répétés ayant pour but ou pour effet d’isoler ou d’humilier le salarié, cette situation peut être requalifiée en harcèlement moral.

L’article L. 1152-1 du Code du travail définit le harcèlement moral comme des comportements répétés entraînant une dégradation des conditions de travail, susceptible de porter atteinte aux droits, à la dignité, ou encore à la santé physique ou mentale du salarié. La jurisprudence confirme cette interprétation (Cass. soc., 6 juil. 2010, n°09-42.557).

Pour obtenir gain de cause, le salarié doit apporter des preuves suffisantes de l’impact de la mise au placard sur ses droits et ses conditions de travail. Parmi ces preuves, on peut citer :

  • Des témoignages de collègues ou supérieurs hiérarchiques ;
  • Des emails ou documents écrits montrant l’exclusion ou le retrait des responsabilités ;
  • Des certificats médicaux attestant des conséquences sur sa santé.

En cas de qualification en harcèlement moral, l’employeur peut être tenu de verser des dommages-intérêts pour le préjudice subi.

Cette reconnaissance ouvre également la voie à d’autres sanctions, telles que la requalification de la démission en prise d’acte ou des indemnités pour licenciement abusif. La mise au placard, dans sa dimension psychologique et professionnelle, est donc un sujet à traiter avec le plus grand sérieux par les juridictions compétentes.

Les recours disponibles

Dialogue interne et conciliation amiable

Le dialogue interne est souvent la première étape à envisager pour résoudre une situation de mise au placard. Le salarié peut alerter :

  • Son employeur, en exposant les faits de manière claire et précise, généralement par écrit (email ou courrier recommandé).
  • Le CSE (Comité Social et Économique), qui a pour mission de veiller à la protection des droits des salariés et peut intervenir pour tenter de résoudre le conflit.
  • L’inspection du travail, une autorité compétente pour enquêter et rappeler l’employeur à ses obligations légales.

Une conciliation amiable, par le biais de discussions informelles ou d’une médiation, peut permettre de mettre fin rapidement au conflit, tout en évitant les lourdeurs d’une procédure judiciaire. Cette démarche est particulièrement efficace si les deux parties souhaitent préserver la relation de travail.

Prise d’acte de la rupture

Lorsque l’employeur manque gravement à ses obligations, notamment en ne fournissant pas les missions convenues ou en modifiant unilatéralement les tâches essentielles, le salarié peut décider de prendre acte de la rupture de son contrat. Cette procédure, reconnue par la jurisprudence (Cass. soc., 3 nov. 2010, n°09-65.254), permet au salarié de rompre son contrat immédiatement, sans préavis.

Si la prise d’acte est jugée justifiée par le Conseil de prud’hommes, elle produit les effets d’un licenciement sans cause réelle et sérieuse, contraignant l’employeur à verser :

  • Des indemnités de licenciement légales ou conventionnelles,
  • Une indemnité compensatrice de préavis,
  • Une indemnité pour licenciement abusif,
  • Et d’autres sommes dues, comme les congés payés non pris.

En parallèle, le salarié pourra également prétendre aux allocations chômage, sous réserve d’une décision favorable du Conseil.

Saisine du Conseil de prud’hommes

En l’absence de résolution amiable ou si les manquements de l’employeur sont flagrants, le salarié peut saisir le Conseil de prud’hommes. Cette juridiction spécialisée a le pouvoir de condamner l’employeur à :

  • Verser des indemnités compensatrices,
  • Réparer les préjudices financiers, tels que la perte de revenus,
  • Accorder des dommages-intérêts pour le préjudice moral, y compris les souffrances psychologiques engendrées par la mise au placard.

La procédure prud’homale est souvent accompagnée d’un échange de pièces et de témoignages, ce qui nécessite un dossier solide pour maximiser les chances de succès.

Indemnisation en cas de harcèlement moral

Si la mise au placard est reconnue comme une forme de harcèlement moral, le salarié peut demander une indemnisation spécifique pour le préjudice subi. Cela inclut :

  • Les dommages psychologiques, tels que l’anxiété, la dépression ou les troubles du sommeil ;
  • Les frais médicaux, comprenant les consultations, traitements ou thérapies nécessaires ;
  • Une réparation financière pour le préjudice professionnel, notamment en cas de stagnation de carrière ou d’atteinte à la réputation.

L’employeur peut également être soumis à des sanctions pénales si les faits de harcèlement moral sont avérés. Cette double reconnaissance – civile et pénale – renforce les droits des salariés victimes de pratiques abusives.

Délai pour agir

Le respect des délais légaux est essentiel pour engager une action en justice. Selon l’article L. 1471-1 du Code du travail, le salarié dispose d’un délai de 2 ans pour contester une faute contractuelle de l’employeur, comme la modification unilatérale des missions ou le non-respect des clauses du contrat de travail. Ce délai court à partir de la date où le salarié a eu connaissance des faits reprochés à l’employeur.

Pour les faits de harcèlement moral, le délai est porté à 5 ans, conformément aux dispositions du Code civil et aux interprétations jurisprudentielles. Ce délai commence à courir à partir du dernier acte constitutif de harcèlement, c’est-à-dire le dernier comportement ou action ayant contribué à la situation dénoncée. Cette spécificité permet de tenir compte de la nature souvent progressive et cumulative du harcèlement moral.

Points importants à retenir :

  • Ces délais doivent être strictement respectés. Une action intentée hors délai risque d’être jugée irrecevable par le Conseil de prud’hommes.
  • En cas de doute sur la date de départ du délai, il est conseillé de consulter un avocat spécialisé en droit du travail, qui pourra analyser la situation et sécuriser la procédure.
  • Le dépôt d’une plainte ou d’un signalement auprès de l’inspection du travail n’interrompt pas nécessairement ces délais, sauf cas spécifiques.

Ainsi, il est recommandé d’agir rapidement dès la constatation des faits ou dès que la situation devient insupportable pour éviter toute prescription des droits.

Conclusion

La mise au placard d’un salarié ne constitue pas seulement une atteinte à ses droits, mais peut également s’assimiler à un harcèlement moral, engageant la responsabilité de l’employeur.

Grâce à des mécanismes juridiques robustes, tels que la prise d’acte ou le recours devant le Conseil de prud’hommes, les victimes disposent de solutions pour faire valoir leurs droits et obtenir réparation. Dans tous les cas, il est essentiel de documenter les faits et de solliciter, si nécessaire, l’appui de professionnels du droit pour maximiser les chances de succès.

FAQ

1. Qu’est-ce que la mise au placard d’un salarié ?
La mise au placard désigne une situation où un salarié est volontairement isolé ou exclu de ses missions habituelles par son employeur ou ses collègues. Cela peut se manifester par le retrait de responsabilités importantes, la suppression de moyens de travail (ordinateur, téléphone professionnel), ou encore l’exclusion des processus décisionnels et des communications internes. Bien qu’elle ne soit pas définie légalement, la mise au placard peut être considérée comme une modification abusive du contrat de travail ou, dans certains cas, un harcèlement moral, selon l’article L. 1152-1 du Code du travail. Ces situations portent atteinte aux droits, à la dignité, ou à la santé mentale et physique du salarié.

2. Quels sont les droits du salarié face à une mise au placard ?
Le salarié dispose de plusieurs droits pour contester une mise au placard, notamment :

  • Droit au respect du contrat de travail : L’employeur doit fournir les missions convenues dans le contrat (article 1194 du Code civil). Toute modification substantielle nécessite l’accord du salarié.
  • Droit à la protection contre le harcèlement moral : L’employeur a une obligation de prévention et de sécurité (article L. 4121-1 du Code du travail).
  • Droit à une procédure de contestation : En cas de violation, le salarié peut engager des actions en justice, comme une saisine du Conseil de prud’hommes ou une prise d’acte aux torts de l’employeur.
    Ces droits permettent au salarié de défendre sa position et, le cas échéant, d’obtenir des indemnités compensatrices ou des dommages-intérêts.

3. Comment prouver une mise au placard ?
Pour obtenir gain de cause, le salarié doit démontrer que la mise au placard a entraîné une dégradation de ses conditions de travail. Les preuves peuvent inclure :

  • Emails ou documents internes montrant l’exclusion des projets ou réunions importantes ;
  • Témoignages de collègues confirmant l’isolement ou le retrait des missions ;
  • Certificats médicaux attestant de l’impact psychologique ou physique (anxiété, dépression, etc.) ;
  • Échanges écrits entre le salarié et l’employeur où ce dernier refuse de remédier à la situation.
    Ces éléments renforcent un dossier devant le Conseil de prud’hommes et augmentent les chances d’une requalification de la situation en modification abusive ou harcèlement moral.

4. Quels recours juridiques sont possibles en cas de mise au placard ?
Les recours possibles incluent :

  • Dialogue interne : Le salarié peut signaler les faits à l’employeur, au CSE ou à l’inspection du travail pour tenter une résolution amiable.
  • Prise d’acte de la rupture : Si les manquements sont graves, le salarié peut rompre son contrat sans préavis. La prise d’acte est ensuite examinée par le Conseil de prud’hommes.
  • Saisine du Conseil de prud’hommes : Cette juridiction peut condamner l’employeur à verser des indemnités pour préjudice financier et moral, voire requalifier la démission en licenciement abusif.
  • Réparation pour harcèlement moral : En cas de reconnaissance du harcèlement, des dommages-intérêts et une indemnisation pour frais médicaux peuvent être accordés.

5. Quels délais le salarié a-t-il pour agir ?
Les délais pour agir varient selon la nature de l’action :

  • 2 ans pour contester une faute contractuelle de l’employeur (article L. 1471-1 du Code du travail). Ce délai commence à courir à partir de la date de connaissance des faits.
  • 5 ans pour les faits de harcèlement moral, calculés à partir du dernier acte constitutif de harcèlement.
    Ces délais doivent être respectés sous peine de prescription, rendant l’action du salarié irrecevable. Il est donc recommandé d’agir rapidement et de constituer un dossier solide
Des problèmes avec votre employeur ?

Nos experts sont là pour vous accompagner

Contactez-nous